Visas à prolonger, péripéties sur la route de Conakry

 Vendredi 20 oct 23

Nouveau rebondissement au Libéria: pour des raisons d'organisation (probablement aussi pour éviter les déboires de livraisons tardives des urnes et urnes volées!) le second tour est décalé du 7 au 14 novembre. Ce qui décale donc notre retour à Foya... et nécessite de prolonger nos visas valables 1 mois à partir du 6 octobre. Cette formalité se fait uniquement à Conakry, en présentiel pour prise d'empreintes digitales et vérification de la photo d'identité.

Il nous faut donc parcourir les 1000km qui nous séparent de la capitale. Notre réseau de volontaires et contacts fonctionne bien, une famille Fidesco part en vacances (de la "toussaint" du 21 au 29 oct et nous prête leur maison! Quelle chance, nous allons pouvoir nous poser une semaine le temps des formalités de visa.

Nous quittons donc le lundi 23 oct à 6h (juste avant le lever du soleil) pour dormir à Mamou, où un volontaire DCC nous accueille gentiment. La route est goudronnée, mais par endroit se trouvent des "nids de poule" plus ou moins grands et plus ou moins profonds. Mais ça, on ne le voit qu'au dernier moment, lorsque la voiture est à quelques mètres ce qui occasionne des freinages intempestifs et des "zut, un peu raide celui là". Et dans les villages, pour faire ralentir les véhicules et espérer vendre des "petits colas" (noix amères médicinales) ou des bananes, sont érigés des ralentisseurs étroits et très efficaces... Bref, conduire nécessite une concentration permanente.

petit déjeuner sur la route entre Macenta et Mamou

Vers 14h, un bruit se fait entendre dans la voiture, notamment lorsque nous utilisons le frein moteur. On s'arrête, vérifie, rien d'évident. On hésite à dormir à Faranah pour faire réparer la 4*4 par un garagiste. Puis, le bruit étant stable et la perspective d'un garagiste fiable via notre ami Hugues, nous décidons de finir la route quand même jusqu'à Mamou. Mais notre allure n'est pas optimale... et la nuit est tombée lorsque nous passons sous l'arche de bienvenue de "Mamou". Hugues nous accueille avec un bon repas, nous sommes fatigués par ces 14h de voyage, le bruit du moteur et le stress de la panne au milieu de nulle part!

Mamou

Hugues travaille dans une école d'insertion professionnelle pour adolescent porteur de handicap physique. Le chauffeur du bus scolaire "Moussa" prend seul la voiture pour l'emmener dans son garagiste Toyota, de confiance. "Pas de blanc, sinon les prix grimpent trop". Le milieu d'après midi verdict: changement du "pont arrière" et autres réparations annexes (klaxon, vitre conducteur, liquide de frein, fermeture porte passager, etc). 

changement du pont arrière

Nous profitons donc de l'hospitalité de notre ami une nuit supplémentaire. Et le lendemain à 11h, la voiture est prête.

La terrasse chez Hugues. Les enfants ne sont pas vraiment en vacances, séances de CNED quasi quotidienne!

Bruno et moi en avons profité pour visiter le centre de formation, cogéré par une association "Guinée Solidarité" située en Provence. Environ 36 adolescents apprennent un futur métier: couture, layette, mécanique (moto, vélo et machines à coudre). Avec des cours d'alphabétisation, et des renforts d'estime de soi avec spectacle, sports, etc. Un très beau programme qui permettrait à 60% d'entre eux de trouver un travail ensuite. J'en profite pour leur acheter en couture quelques cadeaux de Noel.


Mais à 12km de la sortie de Mamou, la voiture se met vraiment à trembler dans tous les sens. Inquiets, nous ralentissons. Puis des bruits secs se font entendre, nous garons la voiture sur le bas-côté. Pas de réseau pour appeler "Moussa"... Les enfants pique-niquent dans les broussaillent. Dépités, il nous faut faire demi-tour... retour vers Mamou. C'est alors que nous percevons un bruit net de ferraille, notre voiture a "pondu" le pont avant... il est là, sur la route juste derrière nous! 

Heureusement, grâce à la fonction 4*4, nous pouvons revenir lentement vers Mamou. Là Moussa nous attend et emmène de suite la voiture au garage à nouveau. Vers 20h, la voiture revient réparée! Ouf, nous allons pouvoir repartir demain.

Cette soirée supplémentaire nous donne l'occasion d'un sortie au restaurant pour nous remettre de nos émotions. C'est soir de début de tournoi de foot, et la salle est comble. Que des hommes. Certains ont l'air tendu, ils ont parié de l'argent. Frites, grillades et crudités, un régal, c'est bon de manger de la viande!

Après Mamou, la végétation change, finis les bananiers, palmiers et cocotiers. Place aux falaises, forets de feuillus et pairies qui nous sont plus familiers.

La route est un peu meilleure, mais en contre parti elle est plus chargée. Elle est large, ce qui permet de se croiser plus facilement... ce que font allègrement les conducteurs, doublant n'importe où. Surtout d'énormes engins pour la construction de routes, et des chantiers gigantesques gérés par des chinois. Les voitures ont des chargements 2 fois plus haut qu'elle, avec encore des animaux ou même un humain au sommet... vraiment effrayant.

Jeudi 26 oct, vers 14h, nous entrons dans Conakry, enfin. Petit arrêt magasin Samsung pour un nouveau téléphone pour Caroline, qui s'est fait voler le sien à l'évêché d'N Zérékoré.

La circulation et l'effervescence s'intensifient à mesure que nous avançons. Nous sommes sur une sorte d'autoroute à 4 voies, avec terre plein central. Mais toutes sortes d'engins l'empruntent: Mercédès (rares), camions boueux trop chargés à 30km/h, charriot élévateur, voiture sans pare-brise et coffre ouvert, minibus bondés avec des "fenêtres" percées dans la tôle à l'arrière, etc et surtout une floppée de motos plus ou moins chargée qui klaxonnent tout le temps et doublent de tous les cotés. Des passagers montent et descendent tous les 100m. Des hommes traversent les voies en courant. Brefs, encore plus de concentration.

Des marchés s'étalent partout, on a l'impression que Conakry est un marché géant. La chaleur s'intensifie aussi, en plus de la pollution. Une vraie capitale africaine!

Les appartements de nos contacts Fidesco sont immenses et bien équipés (grâce aux dons d'expatriés): 3 grands frigidaires-congélateurs, ventilateurs et onduleurs partout, gazinière de collectivité 6 feux et une cour intérieure pour jouer et rouler en vélo. On retrouve des produits oubliés: beurre, lait, chocolat, café moulu, glace, confitures et autres produits d'importation sympathiques! Et surtout une machine à laver, qui fonctionne très bien, dans une grande lingerie pour faire sécher les habits.

Nous sommes à nouveau très bien accueillis et conseillés, merci à eux!

Ecrit par Bruno: anecdotes

  Une montagne de sable L’idée me semblait plutôt intéressante. Les villages autour du centre de santé souhaite se mobiliser pour nous aide...