Ecrit par Bruno: anecdotes

 Une montagne de sable

L’idée me semblait plutôt intéressante. Les villages autour du centre de santé souhaite se mobiliser pour nous aider dans nos travaux. Ils proposent de la main d’œuvre, du sable et du bois… enfin à organiser avec eux. Au mois de novembre je les informe que j’ai besoin de 50 tonnes de sable, de main-d’œuvre pour creuser les fondations….

J’attends un peu, je relance, comme rien n’arrive et que je dois lancer le chantier, j’achète mon sable et démarre les travaux.

Un jour, surprise ! Ils m’informent qu’ils ont trouvé du sable. J’en ai vraiment plus besoin et en plus il faut réparer deux ponts (ça c’est pour moi) pour aller le chercher.

Bref je repousse ma réponse. Mais comme chez les kissi ce n’est pas bien vu de dire « non » au chef je vais quand même voir le sable et argue que personne ne veut aller chercher le sable sur cette « route » que nous avons du mal à faire en moto.

Bref je me crois débarrassé du problème.

Un matin le chef m’appelle et me demande de venir voir du sable à un autre endroit. Juste voir pour savoir si le sable est bon pour la construction.

Je n’ai pas trop le choix, j’y vais Il y a bizarrement pas mal de monde qui marche le long de la piste. Je comprends petit à petit que ces personnes sont venues pour sortir mon sable de la rivière. Puis graduellement je comprends qu’ils ont fait un appel radio pour venir aider le centre de santé et qu’il y a 8 équipes de 60 personnes.

Et là je rentre dans l’Afrique. Tous les chefs de village sont là. Mon correspondant local me décrypte la situation. Les personnes qui sont venu sont bénévoles mais il est de bon ton de les nourrir. Reste a improviser le riz pour 500 personnes. Heureusement il y a quelques cuisinières dans le lot. Bref je fais des allers-retours pour trouver de l’eau, des sacs de riz, du poisson et bien sûr du piment.

Voilà, voilà, après une journée je me retrouve avec une montagne de 350 tonnes de sable dont je n’ai rien a faire à 15 km du chantier.



Du riz, encore du riz

Chez les Kissi le riz est tellement important qu’ils pensent ne pas avoir mangé si le repas n’avait pas de riz. Nous avons parfois fait l’erreur d’inviter pour un repas et de donner des spaghettis et des blinis. Bon repas pour nous mais « non repas » pour eux !

Bref le riz, que chacun cultive pour sa famille, est la nourriture de base.

Sur le chantier la négociation salariale se compose en deux morceaux.

  • Le salaire de la journée

  • Le repas de midi

Le salaire est assez vite discuté mais le repas est long : quantité de sauce, poisson ou pas et surtout nombre de tasse de riz par convive. Pour faire la clôture j’avais 10 travailleurs et j’ai donc embauché une cuisinière. Après deux jours la question de la quantité de riz est revenue sur le tapis. Les discussions étaient en kissi avec le chef d’équipe mais rapidement je comprends que le sujet est houleux. Je demande au chef d’équipe de m’expliquer le problème en anglais ; nous sommes alors à 6 cups de riz. Ils veulent passer à 8 cups. Après pas mal de discussion je valide à leurs étonnement 10 cups/jour. Le repas passe subitement de tous juste correct à génial et pour seulement 1/2 dollar de plus pour toutes l’équipe.

Les assiettes sont maintenant vraiment bien pleines et réparties très équitablement par la cuisinière. Et là je comprends l’importance du riz. Certains font venir du village voisin leurs femmes ou leurs enfants pour partager cette assiette fruit de leur travail.

J’ai aussi mon assiette, égal aux autres. Pourtant j’ai expliqué à la cuisinière que pour moi 1/4 de la ration avec un peu de sauce double piment me suffit.



Chômage

Sur Foya de nombreuses personnes n’ont pas de travail. Pas de travail et pas d’argent d’avance non plus.

Bref s’ils veulent manger dans la journée il faut se faire embaucher en tant que journalier.

Tous les matins je me retrouve avec des demandeurs, parfois vieux et fatigué. Difficile de choisir, John, un chef de village, me donne la solution avec un tirage au sort. C’est juste, certes, mais comment demander à un vieillard parfois estropié de trimer toute la journée au soleil ?



Carte de crédit.

A Foya tous se paye avec du liquide et pour cause il n’y a pas de banque.

Un jour nous prenons l’apéro avec un chef coutumier et un homme qui est venu en France pour témoigner dans le procès Kamara (tortionnaire pendant le guerre). L’homme explique à notre chef qu’en France les gens payent avec une carte en plastique mais qu’ils ne donnent pas la carte. Ils la garde. Visiblement le concept de carte de crédit n’est pas clair. Si je donne ma carte à quelqu’un qui m’a vendu quelque chose et que je reprends cette même carte le vendeur il n’a rien reçu. Je vais chercher ma carte de crédit et j’essaye d’expliquer que cette carte est reliée à de l’argent que j’ai à la banque. Lors d’un achat ma carte informe la banque qu’il faut donner de l’argent à la personne qui me vend quelques choses. Enfin de mettre de l’argent sur l’argent que mon vendeur a déjà à la banque. Ils ne trouvent pas ça très simple et puis ça doit être un drôle de travail d’aller chercher sur le tas de billets de l’acheteur la somme due pour aller la mettre sur le tas de billets du vendeur.





Ecrit par Bruno: anecdotes

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