Notes de Caro sur la société

 

Nous sommes étonnés de l'absence quasi de famille nucléaire.

Les filles sont mères dès la fin de la scolarité, vers 16-20 ans. La contraception est faible, les implants ont le plus de succès. Mais très peu de DIU, et les pilules oestro progestatives sont souvent en rupture de stock. La ferveur religieuse y est peut être pour quelque chose?

Le père n'est jamais présent à l'accouchement, c'est une affaire de femmes. Rarement, on peut en voir en suites de couche. Ils n'accompagnent pas pour les visites prénatales, de toute façon il n'y a pas d'échographie. Les femmes n'expriment que très peu d'émotion lors de la naissance, elles prennent à peine le bébé dans les bras lorsque je leur pose sur le sein. La douleur y est peut être pour quelque chose? Ou c'est une éducation où l'on ne montre pas ses émotions (douleur, épuisement?)

Très vite, les bébés filles ont les oreilles percées. On leur mets des colliers de perles (plus ou moins travaillés) autour du ventre, sous le nombril. Certaines femmes en ont aussi lors de l'accouchement ! "c'est pour qu'elles soient belles". Ils adorent le talc aussi, ils en mettent toute la journée aux bébés "pour avoir une belle peau". Les couches jetables sont rares et chères. Ils utilisent des tissus à l'intérieur d'un plastique coupé pour pouvoir faire un nœud devant et derrière. J'avoue que ça déborde souvent et sent fort. Sinon, les enfants sont simplement laissés tout nus, ils vivent dehors, le caca est ramassé et les enfants lavés.


Depuis 5 ans que Lorenzo est arrivé dans la paroisse, il n'a célébré aucun mariage. Des baptêmes, d'adultes surtout oui, env 600.

Les femmes ont des enfants avec différents hommes, qui gardent plus ou moins contact avec l'enfant. Même les plus engagées dans la paroisse.

Elles allaitent 6 mois exclusivement, et élèvent donc les enfants. Ce n'est pas un souci ici de sortir son sein pour allaiter un enfant, quelque soit le lieu et la présence d'hommes. Par contre, rares sont les femmes à montrer leur genoux.

Si une femme ne trouve personne pour garder son bébé lors de la reprise du travail, elle l'amène avec elle. Au centre de santé par exemple, l'une des "nurses" vient régulièrement avec son bébé de 9 mois dans le dos. Bon, il attrape parfois des seringues laissées à sa portée... mais ça fait surtout rire l'entourage. Une autre fois, c'est la grande sœur de 5 ans qui a gardé le petit frère au centre toute une après midi. Elle s'en occupait très bien, même pour changer la couche. Vers le coin cuisine, il y a toujours quelqu'un pour surveiller l'enfant sinon. Parfois il dort dans un coin de la salle de travail.

Il n'y a aucune poussette bien sur, les bébés sont portés dans un tissus sur le dos. En cas de jumeaux, une personne de l'entourage vient porter. Ou l'un est porté sur la hanche.




Les couples ne s'affichent pas du tout en public, même pour se donner la main. Ils sont très pudiques à ce sujet.


Lorsque l'on traverse les villages, ce sont elles qui sont au feu pour la cuisine, qui pilent le riz ou les piments. On peut voir des garçons faire la lessive, ça oui, mais pas des hommes plus âgés.

Les écoles sont très mixtes, quasi autant de garçons que de filles. La maire de Foya est une femme. Dans la classe de Maxine, le directeur a faire remarquer que seules des filles s'occupent de nettoyer les classes. Il a demandé aux garçons de s'impliquer!



L ECOLE

Nous avons été étonnés aussi de la présence encore de la violence éducative ordinaire. Dans l'école du la paroisse, pourtant crée par des occidentaux, certains professeurs tapent sur les élèves. On nous a dit que c'était un sujet très compliqué à l'école. Les quelques occidentaux présents n'arrivent pas à l'endiguer.

Thaïs nous a raconté qu'elle avait du taper une élève avec un bâton, sur demande du professeur. Thaïs avait réussi à lire le texte mais pas l'élève... Jules s'est fait tiré l'oreille car il était "dans la lune". Et Maxine a eu une punition collective lorsqu'elles sont rentrées en retard de récréation. Elles était sorties tard d'une activité facultative pendant la récréation. Elle a du rester 10 min au fond de la classe dos aux autres. D'autres doivent se tenir les oreilles 2 par 2 pendant plus de 20 min. D'autres doivent aller couper les mauvais herbes autour de la classe pendant que le cours se poursuit. Malo raconte aussi qu'il se fait parfois taper sur la main avec un bâton, je commence à me demander si pour une fois il ne fabule pas!


Les écoles semblent nombreuses dans la ville. Toutes ont leur uniforme particulier, bien reconnaissable. Avec des chaussures fermées noires pour les garçons. Pour l'école de nos enfants, l'uniforme est le même à travers tout le Libéria. Un enfant peut être renvoyé à la maison car il n'a pas l'uniforme complet ou les chaussures adéquates! La semaine avant la rentrée, j'ai eu beaucoup de difficultés à trouver des chaussures noires pour les garçons. Un seul vendeur sur le marché, je me suis demandée comment faisaient les autres mamans? J'ai compris les semaines suivantes, c'était tout simplement trop tôt! Le choix est bien plus important dans les semaines qui suivent la rentrée plutôt qu'avant...

Le nombre d'élèves a triplé depuis le jour de la rentrée, le "bouches à oreilles" a fonctionné. L'école se plaint d'enfants présents, en uniforme, mais pas inscrits car ils n'ont pas payés encore les frais de scolarité. C'est env 25€ pour 1 trimestre en maternel et 35€ en primaire et collège. Avec un salaire moyen de 1€/jour, ça peut faire beaucoup pour certaines familles.

Tous les matins, le lever de drapeau est solennel à 8h, la main sur le cœur pour les filles et en salut militaire pour les garçons. Si l'on est encore un peu loin on s'arrête de marcher pour chanter, même les adultes. Je me suis faite reprendre un matin! S'il pleut, on lève le drapeau vite en chantant sous l'auvent!

Les enfants ont cours de 8 à 13h (environ!) avec une récréation de quasi 1h au milieu.

Ils ont vite réclamé un gouter pour tenir jusqu'à 13h30. Mais ce gouter attire beaucoup les convoitises. Et dans la cours de récréation, la violence semble aussi bien présente.


VIE QUOTIDIENNE

La population vit dehors la majorité du temps. Sur le chemin pour aller au centre de santé, je peux voir la vie quotidienne:

- aller chercher de l'eau à la pompe, ramener le sceau ou la bassine sur la tête

- faire la cuisine, piler, trier les légumes ou les fruits, faire la vaisselle

- manger tous autour de la marmite, avec chacun une cuillère ou directement à la main

- laver son linge, laver son enfant avec un seau d'eau et surtout beaucoup de mousse!

- se tresser les cheveux entre filles

- bavarder derrière leur mini stand de produits du quotidien (sel, sucre, lessive, biscuits, bouillon cube, bananes, piments, ...)

- etc

des enfants m'interpellent "pourish" (femme blanche en kissi), et sourient quand je leur fais signe ou leur réponds. Le matin sur leur chemin de l'école, des petites filles souvent m'accompagnent et me prennent la main, "auntie", ou "sister", fièrement.

D'autres enfants au contraire, plus jeunes, hurlent et se réfugient dans les bras les plus proches, visiblement effrayés de me voir!

Les femmes portent une jupe longue formée d'une pièce de tissu local coloré, noué à la ceinture "yappah". Elles l'assortissent souvent bien avec un t-shirt occidental, voir un foulard noué sur la tête. Ce foulard permet notamment de stabiliser les charges sur la tête! Le dimanche, pour aller à la messe, elles sortent les robes taillées sur mesures aux motifs traditionnels colorés, plus ou moins travaillées: elles aiment le volume. Et adorent mettre en valeur leur postérieur, signe de belle femme ici. Les hommes portent plutôt une chemise en tissus traditionnel avec une broderie devant, et un pantalon sobre assorti. Les enfants sont aussi très "endimanchés", les fillettes font la concurrence de la plus jolie robe de princesse. En effet, les marchés sont inondés de vêtements de seconde main, des Etats-Unis surtout, à des prix défiant toute concurrence. Aucun problème pour habiller mes enfants.

L'hygiène a un peu choqué au début. L'un de ses professeur est arrivé en classe avec une sucette dans la bouche. Il a demandé qui la voulait et l'a donnée à la première quia levé la main...

Au centre de santé, il est de coutume que les accouchées fassent apporter un repas pour les sages-femmes. A priori, c'est vraiment une tradition peu répandue, mais active ici. Un jour, on m'a proposé d'y gouter. Alors que je demandais si ce n'est pas trop pimenté, la sage femme goûte, me rassure. Puis avec la même cuillère, me sert une assiette. Puis me laisse la cuillère dans mon assiette... Ils partagent aussi toujours un même assiette entre collègues.

 partage d'une même assiette au centre de santé

Les lits ne sont jamais lavés entre 2 patients, uniquement le drap est changé. Les draps sont lavés à la main à l'eau froide et à la mousse surtout.

Malo est bien à l'aise dans cet environnement, il peut mettre à la bouche ce qu'il trouve par terre, ou sucer son pouce tout sale sans que cela ne choque!






Ecrit par Bruno: anecdotes

  Une montagne de sable L’idée me semblait plutôt intéressante. Les villages autour du centre de santé souhaite se mobiliser pour nous aide...